Criminalisation de Machi Francisca Linconao
Le 5 mai 2018, la cour pénale de Temuco a acquitté Machi Francisca Linconao et huit Mapuches de toutes les accusations qui les reliaient au meurtre de deux personnes en 2013. Trois autres Mapuches qui étaient accusés dans cette affaire, José Peralino Huinca, José Tralcal Coche et Luis Trancal Quidel, ont été inculpés en vertu de la loi chilienne contre le terrorisme. Machi Francisca Linconao avait toujours clamé son innocence dans cette affaire.
Machi Francisca Linconao est une femme défenseuse des droits humains et une leader spirituelle du peuple Mapuche au Chili. Elle œuvre pour la protection des droits du peuple Mapuche et de leurs terres ancestrales. En 2008, elle a intenté une action de protection devant la Cour suprême du Chili, pour mettre fin à des exploitations forestières illégales dans des zones sacrées de la forêt chilienne, où poussent les plantes médicinales utilisées par le Peuple Mapuche. Machi Francisca Linconao a ainsi été la première défenseuse autochtone chilienne à invoquer avec succès la convention 169 de l'Organisation internationale du Travail concernant les populations autochtones et tribales.
Le 5 mai 2018, la cour pénale de Temuco a acquitté Machi Francisca Linconao et huit Mapuches de toutes les accusations qui les reliaient au meurtre de deux personnes en 2013. Trois autres Mapuches qui étaient accusés dans cette affaire, José Peralino Huinca, José Tralcal Coche et Luis Trancal Quidel, ont été inculpés en vertu de la loi chilienne contre le terrorisme. Machi Francisca Linconao avait toujours clamé son innocence dans cette affaire.
Le 4 janvier 2013, La défenseuse des droits humains et leader spirituelle du peuple Mapuche, Machi Francisca Linconao, a été arrêtée en lien avec les meurtres de Werner Luchsinger et Vivian Mackay. Le domicile de Werner Luchsinger et Vivian Mackay avait été incendié avant l'aube le 4 janvier 2013, par des manifestants qui commémoraient le 5e anniversaire de la mort du militant Matias Catrileo, un Mapuche tué par les forces armées alors qu'il participait à une manifestation en 2008. N'ayant pu s'échapper, Werner Luchsinger et Vivian Mackay sont décédés dans l'incendie. Bien que le tribunal de Temuco ait acquitté Machi Francisca Linconao le 18 octobre 2017, la cour d'appel de Temuco a infirmé cette décision le 29 décembre 2017, ordonnant à la cour d'assise de Temuco de rouvrir l'affaire. Machi Francisca Linconao et 10 hommes Mapuches ont alors été accusés de terrorisme et de meurtre pour la seconde fois, en vertu de l'article 474 du Code pénal chilien et des articles 1 et 2 de la loi N° 18.314 contre le terrorisme.
La loi chilienne contre le terrorisme a déjà été utilisée à plusieurs reprises pour criminaliser les Mapuches. En 2014, dans l'affaire Norin Catriman et al contre l'État du Chili, la Cour interaméricaine des droits humains a condamné l'État car les peines prononcées contre les Mapuches pour leur crimes présumés étaient basées sur une loi contre le terrorisme. Les peines violaient le principe de légalité et leur droit à la présomption d'innocence. La Cour interaméricaine des droits humains a aussi déclaré que les peines étaient basées sur des stéréotypes et qu'elles violaient les principes d'égalité et de non discrimination.
Front Line Defenders salue l'acquittement de Machi Francisca Linconao car il semble qu'elle ait été ciblée à cause de son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains. Toutefois, Front Line Defenders condamne la constante criminalisation du peuple Mapuche, qui serait due à des stéréotypes persistants et à une discrimination profondément ancrée contre ce groupe autochtone au Chili.
Depuis plusieurs semaines, la cour d'assise de Temuco reçoit et analyse les preuves dans l'affaire intentée contre Machi Francisca Linconao et dix autres personnes du peuple autochtone Mapuche. Ils avaient été arrêtés le 4 janvier 2013 en lien avec les meurtres de Werner Luchsinger et Vivian Mackay à Vilcun, au Chili. L'affaire s'est poursuivie pendant quatre ans, jusqu'à ce qu'ils soient tous acquittés en octobre 2017. Mais un jugement de la cour d'appel de Temuco, daté du 29 décembre 2017, a invalidé la décision et a ordonné la réouverture de l'affaire. Ils sont tous accusés de terrorisme et de meurtre. La cour doit rendre son verdict final avant fin avril.
Machi Francisca Linconao avait été arrêtée le 4 janvier 2013 en lien avec les meurtres de Werner Luchsinger et Vivian Mackay. Le domicile de Werner Luchsinger et Vivian Mackay avait été incendié avant l'aube le 4 janvier 2013, par des manifestants qui commémoraient le 5e anniversaire de de la mort du militant Matias Catrileo, un Mapuche tué par les forces armées alors qu'il participait à une manifestation en 2008. N'ayant pu s'échapper, Werner Luchsinger et Vivian Mackay sont décédés dans l'incendie.
Plus tard dans la même journée, Machi Francisca Linconao a été violemment arrêtée par la police chez elle, et contrainte de retirer sa tenue vestimentaire traditionnelle. Elle avait porté une plainte civile contre le traitement qui lui avait été infligé pendant sa détention. En 2015, le tribunal civil de Temuco a condamné l'État chilien à payer 30 millions de pesos de dédommagements à Machi Francisca Linconao. La cour d'appel de Temuco avait ensuite annulé la décision.
Bien que le tribunal de Temuco ait acquitté Machi Francisca Linconao le 18 octobre 2017 faute de preuves suffisantes, la cour d'appel de Temuco a infirmé cette décision le 29 décembre 2017, ordonnant à la cour d'assise de Temuco de rouvrir l'affaire. Ils sont accués de terrorisme et meurtre en vertu de l'article 474 du Code pénal chilien et des articles 1 et 2 de la loi N° 18.314 contre le terrorisme. La cour doit rendre son verdict final avant la fin du mois.
La loi chilienne contre le terrorisme a déjà été utilisée à plusieurs reprises pour criminaliser les Mapuches. En 2014, dans l'affaire Norin Catriman et al contre l'État du Chili, la Cour interaméricaine a condamné l'État car les peines prononcées contre les Mapuches pour leur crimes présumés étaient basées sur une loi contre le terrorisme. Les peines violaient le principe de légalité et du droit à la présomption d'innocence. La Cour interaméricaine des droits humains a aussi déclaré que les peines étaient basées sur des stéréotypes et qu'elles violaient les principes d'égalité et de non discrimination.
Front Line Defenders est vivement préoccupée par le traitement et les accusations portées contre la leader autochtone et défenseuse des droits humains Machi Francisca Linconao.
Front Line Defenders exhorte les autorités du Chili à:
1. Abandonner immédiatement toutes les charges portées contre Machi Francisca Linconao et cesser toute forme de harcèlement à son encontre;
2. Cesser immédiatement de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Chili et garantir qu'en toutes circonstances ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.