Antécédents de l'affaire: Mahbub Tonoy

Le 25 avril 2016, les défenseurs des droits humains M. Xulhaz Mannan et M. Mahbub Tonoy, ont été assassinés par plusieurs inconnus, chez eux dans le quartier de Kalabagan à Dhaka.

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Xulhaz Mannan et Mahbub Tonoy étaient d'éminents défénseurs des droits LGBT. Xulhaz Mannan était rédacteur en chef de Roopbaan, le premier magazine LGBT du Bangladesh, lancé en 2014. Le magazine vise à promouvoir une plus grande tolérance envers les personnes d'orientations sexuelles diverses, de la part de la population du Bangladesh. Xulhaz Mannan travaillait également pour USAID lorsqu'il a été assassiné. Avant cela, pendant sept ans, le défenseur était responsable du protocole à l'ambassade américaine au Bangladesh. Mahbub Tonoy, qui faisait parti d'une troupe de théâtre, participait aussi régulièrement à la publication du magazine. Les deux défenseurs faisaient partie des organisateurs du rassemblement annuel "rainbow" à Dhaka, organisé chaque 14 avril depuis 2014.

Dans l'après-midi du 25 avril 2016, Xulhaz Mannan et Mahbub Tonoy ont été attaqués dans leur appartement à Kalabagan, par un groupe d'environ six hommes armés. Les deux défenseurs des droits humains ont été grièvement blessés avec des couteaux, à la tête et au cou, et ils sont décédés peu après. La mère de Xulhaz Mannan et l'une de ses aides ménagères étaient également présentes lors de cet incident, mais elles n'ont pas été gravement blessées. Les agresseurs ont réussi à entrer dans le bâtiment en contournant les gardiens et en prétendant vouloir livrer un colis à Xulhaz Mannan. Lors de l'incident, le gardien a aussi été grièvement blessé. Il est actuellement soigné à l'hôpital universitaire de Dhaka.

Le 14 avril 2016, malgré l'annulation du rassemblement rainbow, près de 20 représentants de la communauté LGBT se sont rassemblés dans le centre de Dakha pour célébrer la fête du nouvel an bengali qui se déroulait dans la ville. Quatre d'entre eux ont été arrêtés par la police et libérés seulement après que des proches ont été informés de leur orientation homosexuelle.

Le rassemblement rainbow, qui promeut l'égalité des membres de la communauté LGBT, a eu lieu les deux années précédentes, mais a été interdit en 2016 par la police, pour raisons de sécurité. Une semaine avant la date de l'évènement, une campagne de diffamation a été lancée sur les réseaux sociaux contre les organisateurs et les participants. Les menaces d'agressions physiques auraient été proférées par des groupes islamistes radicaux, qui prétendent que le rassemblement ainsi que la fête bengalie étaient contre l'Islam. Il convient de préciser que les relations homosexuelles sont pénalisées au Bangladesh et dans le passé, de nombreux DDH LGBTI ont été contraints de s'exiler. 

L'assassinat de Xulhaz Mannan et Mahbub Tonoy vient s'ajouter à une série de meurtres horribles de blogueurs et universitaires dans le pays. Au début du mois, un professeur de l'université Rajshahi et un blogueur ont été assassinés. Les coupables de ces crimes, qui appartiendraient à des groupes islamiques radicaux qui opèrent au Bangladesh, n'ont toujours pas été arrêtés.    

Front Line Defenders condamne fermement l'assassinat de Xulhaz Mannan et Mahbub Tonoy, qui semble directement lié à leur travail légitime et pacifique en faveur des droits LGBT au Bangladesh. Front Line Defenders est également très préoccupée par l'incapacité du gouvernement de ce pays à traduire en justice les coupables de meurtres de défenseur-ses des droits humains, universitaires et blogueurs au Bangladesh.  

Front Line Defenders exhorte les autorités du Bangladesh à:

1. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur le meurtre des défenseurs des droits humains Xulhaz Mannan et Mahbub Tonoy, dans le but de publier les conclusions et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

2. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Bangladesh puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.