Assassinat de José Ángel Flores
Le 18 octobre 2016, le défenseur du droit à la terre et président de MUCA M. José Ángel Flores, et son collègue M. Silmer George ont été tués lors d'une fusillade en voiture à Tocoa, Colón.
José Ángel Flores était président du Movimiento Unido Campesino del Aguán (Mouvement uni des paysans d'Aguán, MUCA), une organisation créée en 2006 pour défendre le droit à la terre et les moyens de subsistance des petits paysans dans la vallée d'Aguán. Avec d'autres défenseurs du droit à la terre et leaders d'organisations paysannes diverses de la vallée d'Aguán, José Ángel Flores devait bénéficier de mesures de précaution accordées par la Commission interaméricaine des droits humains le 8 mai 2014 (N°50-14). Cependant, l'État hondurien n'avait pas mis en place cette demande, comme le prouve l'absence de protection des défenseurs ainsi que l'acharnement judiciaire dont lui et ses proches étaient victimes à cause de son travail pacifique en faveur des droits humains.
Le 21 octobre 2016, la présidente de la sous-commission des droits de l'Homme du Parlement européen, Elena Valenciano (S&D, ES) a fermement condamné l'assassinat des défenseurs des droits humains José Ángel Flores et Silmer George. Elle a exhorté les autorités honduriennes à mener une enquête sérieuse et approfondie sur les assassinats et à traduire les coupables en justice.
"J'étends mon soutien et toute ma solidarité à tous ceux qui défendent pacifiquement les droits de leurs communautés dans la région avec un courage et une conviction sans faille" a-t-elle conclu.
La délégation de l'UE au Honduras a aussi publié une déclaration pour exhorter les autorités à traduire en justice les coupables de ses assassinats.
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En outre, le 19 octobre 2016, le Bureau du Haut commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU au Honduras a fait une déclaration condamnant l'assassinat de José Ángel Flores et Silmer George et faisant part de sa solidarité avec les familles, les amis et la communauté des DDH dans le pays.
Le 18 octobre 2016, le défenseur du droit à la terre et président de MUCA, M. José Ángel Flores, et son collègue M. Silmer George ont été tués lors d'une fusillade en voiture à Tocoa, Colón.
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Dans la soirée du 18 octobre 2016, José Ángel Flores assistait à une réunion avec d'autres défenseur-ses du droit à la terre dans la coopérative agricole de La Confianza, le siège de MUCA. Lorsque le défenseur est sorti de la réunion, il a été abattu par des inconnus qui ont immédiatement pris la fuite en moto. José Ángel Flores est mort sur le coup. Son collègue, le défenseur des droits à la terre et membre de MUCA Silmer George, a également été abattu et il est décédé de ses blessures après avoir été transféré à l'hôpital San Isidro de Tocoa.
L'assassinat de José Ángel Flores a été perpétré après une longue série de menaces, actes d'intimidation et d'acharnement judiciaire contre le défenseur, sa famille et d'autres défenseurs du droit à la terre de la vallée d'el Aguán. Le 15 mars 2016, des policiers sont entrés de force dans la maison de José Ángel Flores à La Confianza, ont mené une perquisition sans mandat d'arrêt et l'ont arrêté malgré son mauvais état de santé à ce moment là. Mme Orbelina Flores, une collègue défenseuse et membre de l'Observatorio Permanente de Derechos Humanos del Bajo Aguán, OPDHBA (Observatoire permanent des droits humains du Bajo Aguán) a été arrêtée pendant la perquisition puis injustement accusée d'accaparement de terres par le biais d'acharnement judiciaire. Les deux défenseur-ses ont été libérés peu après.
Le 28 septembre 2016, Front Line Defenders a signalé une autre attaque violente contre des défenseur-ses des droits humains, et des paysans de la vallée d'El Aguán. Des membres de la communauté ont occupé des parcelles de terre dans le but de les récupérer, affirmant qu'elles étaient illégalement utilisées par une entreprise privée. Vers 3h, des agents de sécurité de la ferme ont violemment attaqué les paysans en enfonçant les barrières d'entrée avec leurs voitures, en jetant des pierres et en tirant sur la foule d'hommes, femmes et enfants. La défenseuse des droits humains Reyna Mireya Figueroa a été blessée par balle pendant l'attaque.
Le 8 mai 2014, la Commission interaméricaine des droits humains a accordé des mesures de protection à 123 défenseur-ses du droit à la terre de la vallée d'El Aguan, y compris aux membres du MUCA, Movimiento Campesino Recuperación del Aguán (Mouvement paysan de récupération d'El Aguán), du Movimiento Campesino Fundación Greogrio Chávez - MCRGC (Mouvement paysan fondation Greogrio Chávez), et du Movimiento Auténtico Reivindicador Campesino del Aguán - MARCA (Mouvement authentique revendicateur paysan d'El Aguán). La commission a accordé ces mesures suite au nombre d'assassinats, d'enlèvements, de cas de torture, de menaces, d'expulsions forcées, de persécution et de stigmatisation contre des membres d'organisations de défense du droit à la terre de la vallée d'El Aguán. Selon la commission, ces actes d'intimidation auraient été perpétrés dans le but d'intimider les défenseur-ses du droit à la terre afin qu'ils vendent leurs terres et cessent leurs activités en faveur des droits humains. Depuis 2009, il y a eu plus de 150 morts violentes et au moins 6 disparitions en lien avec le conflit pour le droit à la terre dans la région d'Aguán.
Front Line Defenders condamne fermement l'assassinat des défenseurs José Ángel Flores et Silmer George, qui semble directement lié à leur travail légitime et pacifique en faveur du droit à la terre. Front Line Defenders est profondément préoccupée par l'environnement dangereux et souvent meurtrier dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent au Honduras, en particulier ceux qui défendent le droit à la terre, et exhorte l'État à mettre en place des mesures de protection adaptées, en accord avec les défenseur-ses, pour garantir leur sécurité.
Front Line Defenders exhorte les autorités honduriennes à:
1. Condamner fermement l'assassinat des défenseurs des droits humains José Ángel Flores et Silmer George;
2. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur l'assassinat de José Ángel Flores et Silmer George, dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;
3. Pendre immédiatement toutes les mesures nécessaires, en accord avec les défenseur-ses, pour garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de tous les défenseur-ses des droits humains de la vallée d'El Aguán, et de tous les membres de leur famille, en particulier en appliquant les mesures de précaution No. 50-14 requises par la Commission interaméricaine des droits humains le 8 mai 2014;
4. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Honduras puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.