Tentative d’assassinat contre Lidia Gómez
Entre le 21 novembre 2018 et le 7 décembre 2018, six défenseur-ses des droits humains autochtones et paysans ont été tués en Colombie. Le 8 décembre 2018, la défenseuse des droits humains et leader du peuple Awá, Lidia Gómez, a été victime d'une tentative d'assassinat. Tous ces défenseur-ses œuvraient pour protéger leurs droits économiques, sociaux et culturels dans les régions de Cauca, Nariño et Norte Santander.
Lidia Gómez est leader du peuple Awá dans la réserve d'Alto Cartagena. En tant que leader de l'organisation autochtone Cawamari, elle défend les droits des communautés autochtones de la région qui sont bafoués par les actes de la guérilla et des groupes paramilitaires qui veulent gagner le contrôle du territoire.
Entre le 21 novembre 2018 et le 7 décembre 2018, six défenseur-ses des droits humains autochtones et paysans ont été tués en Colombie. Le 8 décembre 2018, la défenseuse des droits humains et leader du peuple Awá, Lidia Gómez, a été victime d'une tentative d'assassinat. Tous ces défenseur-ses œuvraient pour protéger leurs droits économiques, sociaux et culturels dans les régions de Cauca, Nariño et Norte Santander.
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Le 8 décembre vers 1h du matin, plusieurs inconnus armés ont tiré des coups de feu contre la maison de Lidia Gómez, dans la municipalité de Ricaurte, Nariño. Bien que cinq balles soient entrées dans la maison, la défenseuse et son mari n'ont pas été blessés.
Le bureau régional de l'Ombudsman à Cauca a ouvert une enquête; toutefois, les organes de protection spécialisés tels que l'Unidad Nacional de Protección, UNP, dont le mandat comprend la protection des défenseur-ses des droits humains et des leaders sociaux en danger, n'ont pas donné de réponse.
L'attaque contre Lidia Gómez a eu lieu six jours après l'assassinat des leaders autochtones Awá, Héctor Ramiro García et son fils Braulio Arturo García, dans la réserve indigène de Palmar de Imbí, Ricaurte, Nariño, le 2 décembre 2018. Le 4 décembre 2018, Lidia Gómez a publiquement demandé des garanties de protection spéciale pour son peuple, en raison du haut degré de violence auquel il doit faire face. Héctor Ramiro García était fondateur de l'organisation autochtone Camawari, et son fils Braulio Arturo García avait récemment été choisi comme leader de son peuple.
Le 1er décembre 2018, le défenseur des droits humains et représentant autochtone Aldemar Trochez a été retrouvé mort d'une balle dans la tête près de Caloto, département de Cauca, à moins de 100 mètres d'un checkpoint militaire. Quelques jours plus tôt, un tract menaçant avait été distribué dans la région. Il a été pris pour cible au siège des autorités autochtones du département de Cauca qui sont accusées de "travailler avec les forces publiques".
En outre, le 7 décembre 2018, le chef indigène Edwin Dagua Ipia, qui travaillait avec les jeunes leaders de la région de Caloto, dans le Cauca, a également été tué. Il avait déjà été menacé plusieurs fois et avait demandé la protection du gouvernement colombien en juillet. Le ministère de l'Intérieur a condamné le meurtre d'Edwin Dagua Ipia et a entamé, en coordination avec les autorités autochtones locales, le déploiement d'une commission judiciaire dans la région.
Dans le département de Norte Santander, deux défenseurs des droits humains campesinos ont été tués fin novembre. Le 21 novembre 2018, Alba Edilma Cuevas a été attaquée par des inconnus armés à Cucuta, département de Norte Santander, qui ont tiré des coups de feu à sa maison. Alba Edilma Cuevas avait dénoncé les menaces proférées à son encontre à cause de son titre de leader sociale au sein de la Junta de Acción Comunal de la vereda Agualasal (Conseil d'action communale du sentier d'Agualasal). Le 29 novembre 2018, José Antonio Navas a été assassiné à Tibu, Norte Santander, par des individus armés qui l'ont attaqué chez lui. Il était leader campesino à l'Asociación Campesina de El Catatumbo, directeur de la Junta de Acción Comunal de la Vereda El Líbano et membre de Campesino Guard.
Les assassinats de José Antonio Navas et Alba Edilma Cuevas ont été signalés dans la Déclaration de fin de Mission du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseur-ses des droits humains après sa visite en Colombie.
Tous ces défenseur-ses des droits humains étaient des défenseur-ses des droits des populations autochtones ou des campesinos, et presque tous ont été attaqués chez eux par des inconnus armés. Cette tendance récente démontre l'existence d'une tendance aux assassinats à laquelle les autorités n'ont toujours pas répondu de manière adaptée.
Les défenseur-ses des droits humains en Colombie sont de plus en plus souvent pris pour cible depuis la signature des accords de paix, et le taux d'assassinats et d'attaques est alarmant, en particulier contre ceux et celles qui travaillent pour défendre les droits des populations autochtones et des paysans. Cela représente un risque majeur pour les défenseur-ses qui vivent dans des zones isolées, car ils sont souvent plus vulnérables aux attaques et, en l'absence de protection appropriée de la part de l'État, ils sont contraints d'opérer dans un environnement extrêmement hostile.
Front Line Defenders condamne fermement l'assassinat des défenseur-ses des droits humains Alba Edilma Cuevas, José Antonio Navas, Aldemar Trochez, Héctor Ramiro García, Arturo García et Edwin Dagua Ipia, ainsi que la tentative d'assassinat contre la défenseuse des droits humains Lidia Gómez, car il semble que ces attaques soient liées à leur travail en faveur des droits humains. Front Line Defenders est également préoccupée par le taux croissant de violence et d'impunité auquel les défenseur-ses des droits humains doivent faire face en Colombie.
Front Line Defenders exhorte les autorités colombiennes à :
1. Prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de la défenseuse des droits humains Lidia Gómez et de tous les membres du peuple Awá, en accord avec eux ;
2. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur les récents assassinats, dans le but de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales ;
3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Colombie puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.