Détention arbitraire, harcèlement judiciaire, agressions physiques et surveillance de Luis Manuel Otero, Anamely Ramos et Maykel Castillo
Le 11 juin 2020, les défenseur-ses des droits humains Luis Manuel Otero Alcántara et Maykel Castillo Perez ont été arrêtés et agressés physiquement par des membres de la police révolutionnaire nationale, devant la maison de Maykel Castillo Perez à La Havane. Les défenseurs ont été libérés le lendemain. Le 17 juin, les deux défenseurs ont à nouveau été arrêtés avec la défenseuse des droits humains Anamely Ramos González et Claudia Genlui, la compagne de Luis Manuel Otero, alors qu'ils étaient en route pour porter plainte contre les violences policières subies lors de leur arrestation le 11 juin. Les défenseur-ses ont été libérés dans la soirée du 17 juin et on ignore toujours si d'autres charges ont été portées contre eux.
Luis Manuel Otero Alcántara est artiste visuel et défenseur des droits humains à Cuba. Il est le coordinateur général du mouvement San Isidro, un groupe d'artistes formé en 2018 pour promouvoir la liberté d'expression et les droits culturels compte tenu des restrictions imposées par le décret 349.
Le 11 juin 2020, les défenseur-ses des droits humains Luis Manuel Otero Alcántara et Maykel Castillo Perez ont été arrêtés et agressés physiquement par des membres de la police révolutionnaire nationale, devant la maison de Maykel Castillo Perez à La Havane. Les défenseurs ont été libérés le lendemain. Le 17 juin, les deux défenseurs ont à nouveau été arrêtés avec la défenseuse des droits humains Anamely Ramos González et Claudia Genlui, la compagne de Luis Manuel Otero, alors qu'ils étaient en route pour porter plainte contre les violences policières subies lors de leur arrestation le 11 juin. Les défenseur-ses ont été libérés dans la soirée du 17 juin et on ignore toujours si d'autres charges ont été portées contre eux.
Luis Manuel Otero Alcántara est artiste visuel et défenseur des droits humains à Cuba. Il est le coordinateur général du mouvement San Isidro, un groupe d'artistes formé en 2018 pour promouvoir la liberté d'expression et les droits culturels compte tenu des restrictions imposées par le décret 349. Le décret autorise le gouvernement cubain à contrôler les productions artistiques et culturelles et à restreindre le droit à la liberté artistique des artistes. Maykel Castillo Perez est un artiste de musique rap et un défenseur du droit à la liberté artistique. Il est également impliqué dans le mouvement San Isidro et il a été l'un des principaux promoteurs de la campagne du mouvement #NoAlDecreto349. Mieux connu sous son nom de scène "El Osorbo", sa musique critique le gouvernement cubain et la pauvreté dans certains quartiers de La Havane. Anamely Ramos González est une artiste et défenseuse des droits culturels à Cuba. Elle a auparavant travaillé comme professeure et chercheuse à l'Université des Arts (ISA), mais se concentre actuellement sur le sujet de la mémoire historique et de la censure à Cuba. Anamely Ramos a également été une figure de proue de la campagne pour la liberté d'expression et la création artistique "SIN 349", contre le décret 349.
Le 11 juin, les défenseur-ses se trouvaient chez Maykel Castillo Perez avec six autres militants pour la soirée ; alors qu'ils étaient tous en train de partir vers 23 heures, une voiture de patrouille de police qui passait s'est arrêtée et les officiers ont arrêté Maykel Castillo Perez car il ne portait pas de masque protecteur. Le défenseur avait temporairement retiré le masque pour manger pendant la soirée, ce que les autres défenseur-ses ont confirmé à la police en protestant contre son arrestation. Tout comme d'autres militants qui filmaient l'incident, Luis Manuel Otero Alcántara a enregistré l'arrestation sur son téléphone, ce qui lui a valu d'être arrêté. Aucun des défenseur-ses n'a résisté à l'arrestation par la force physique.
Lorsque le véhicule de patrouille arrivait au poste de Cuba et Chacón, Maykel Castillo Perez a dit aux policiers "c'est du racisme, à bas la dictature", ce à quoi la police a répondu avec violence en tirant les défenseur-ses hors du véhicule, en les jetant au sol et en les frappant avec des matraques. Une huitaine d'autres policiers sont sortis du poste et se sont joints à l'attaque, et les deux défenseurs ont été agressés pendant plusieurs minutes, leur causant des blessures graves. Ils ont ensuite été transférés dans des cellules du poste de police et privés de soins médicaux jusqu'à 6 heures du matin le lendemain matin. Ils n'ont pas pu obtenir de copie du rapport médical. Les défenseurs ont été libérés une heure plus tard et n'ont pas été autorisés à porter plainte contre la conduite inappropriée de la police. Luis Manuel Otero Alcántara et Maykel Castillo Perez ont été inculpés d'outrage, de trouble de l'ordre public et de dommages en relation avec leur détention du 11 juin.
Après l'arrestation des deux défenseurs par la police le 11 juin, Anamely Ramos González, qui était présente lors de l'arrestation, s'est rendue au poste de police de Cuba et de Chacón pour prendre des nouvelles des défenseurs détenus. Elle a été autorisée à entrer par l'entrée principale du poste de police, mais en marchant dans le hall principal du poste, elle a été interceptée et agressée physiquement par une policière qui lui a dit qu'elle n'avait pas la permission d'entrer. Quelques instants plus tard, d'autres policiers sont arrivés et l'ont frappée en la jetant au sol, lui causant de profondes blessures à la lèvre supérieure et au torse. La défenseuse a été détenue pendant une heure après cette attaque puis relâchée ; elle a ensuite relaté l'incident sur les réseaux sociaux.
Le 17 juin 2020, les défenseur-ses Luis Manuel Otero Alcántara, Maykel Castillo Perez, Anamely Ramos González et Claudia Genlui ont été arrêtés alors qu'ils quittaient leur domicile séparément pour se rendre au poste de police de Cuba et Chacón afin de déposer une plainte contre l'utilisation de la violence par les policiers le 11 juin. Ils ont été chacun incarcérés dans des prisons différentes à La Havane et on leur a dit qu'ils avaient été arrêtés car ils avaient l'intention de porter plainte et qu'il s'agissait d"une provocation". Ils pensent qu'ils étaient surveillés par la police, car celle-ci savait où ils se trouvaient ainsi que leur intention de dénoncer les violences, que Luis Manuel Otero Alcántara avait publiées sur Facebook ce matin-là. Ils ont finalement été libérés dans la soirée du 17 juin..
D'autres membres du mouvement San Isidro ont été menacés par la police depuis l'arrestation des défenseur-ses. Des policiers qui surveillent le domicile du défenseur des droits humains et membre du mouvement Michel Matos l'ont averti : "nous n'accepterons aucune provocation", en faisant référence à l'intention de se plaindre des violences policières. De plus, les officiers ont menacé le défenseur en disant "si vous quittez votre maison, nous vous arrêterons". Avant leur arrestation le 17 juin, Luis Manuel Otero Alcántara et d'autres membres du mouvement San Isidro ont documenté des incidents de surveillance policière près de chez eux sur les réseaux sociaux, craignant d'être arrêtés.
Luis Manuel Otero Alcántara et Maykel Castillo Perez ont tous deux déjà été ciblés par la police à cause de leur travail en faveur des droits humains. Le 1er mars 2020, Luis Manuel Otero Alcántara a été arbitrairement détenu et accusé de mépris aggravé à l'égard des dirigeants de l'État, de profanation des symboles nationaux, de dommages matériels et d'actes de violence contre des symboles nationaux. Lors de son arrestation, le défenseur, ainsi que Claudia Genlui, qui tentait de documenter l'arrestation sur son téléphone, avaient également été victimes de mauvais traitements de la part des membres de la Police nationale révolutionnaire. Le procès basé sur ces fausses accusations a été reporté à cause de l'épidémie de COVID-19. Les manifestations contre le décret 349 ont abouti à de nombreuses détentions arbitraires de défenseur-ses des droits humains, détentions qui ont généralement duré plusieurs jours, et à de fausses accusations portées contre eux, l’accusation la plus courante étant les "dommages matériels".
En avril 2018, Maykel Castillo Perez a été condamné à un an de prison par le tribunal municipal de la Vieille Havane pour "outrage", quelques jours après avoir tenu un concert à La Madriguera, le siège de l'Association Hermanos Saíz (AHS), au cours duquel lui et d'autres artistes se sont prononcés contre le décret 349. Après avoir passé deux mois dans la prison de Valle Grande à La Havane, le défenseur s'est cousu la bouche pour exiger sa libération immédiate. Il a finalement été libéré en octobre 2019, suite à une campagne du mouvement San Isidro en faveur de sa libération.
Front Line Defenders est vivement préoccupée par la surveillance, les violences policières, les accusations fabriquées de toutes pièces et les détentions arbitraires de Maykel Castillo Perez, Luis Manuel Otero Alcántara, sa partenaire Claudia Genlui et Anamely Ramos González. Elle pense que ces actions menées par les autorités s'inscrivent dans une stratégie globale d'intimidation et de répression contre ceux qui défendent le droit à la liberté d'expression artistique et protestent contre le décret 349, qui accorde au gouvernement le contrôle de l'expression artistique. Front Line Defenders estime que la violence et le harcèlement judiciaire à leur encontre sont des actes de représailles directes contre leurs activités pacifiques qui promeuvent la liberté d'expression et les droits culturels à Cuba.