Antécédents de l'affaire: Ali Anouzla
Ali Anouzla fait face à des accusations datant de 2013 relatives au site d'informations Lakome. L'affaire est caractérisée par les retards, car l'audience prévue le 14 décembre a de nouveau été reportée au 22 février 2018. Le défenseur des droits humains est accusé de "soutien matériel au terrorisme", "solidarité envers le terrorisme", et "incitation à commettre un acte de terrorisme", en lien avec un message que Lakome a posté sur son site web en septembre 2013. S'il est reconnu coupable, il risque jusqu'à 30 ans de prison.
Ali Anouzla est défenseur des droits humains, journaliste indépendant et analyste politique. Il dénonce les violations des droits humains perpétrées au Maroc et au Sahara Occidental. Il est directeur de Lakome, un journal indépendant basé à Rabat qui se concentre sur les libertés civiles, les droits humains et la promotion du droit à l'accès à l'information et à la liberté d'expression. Avec le défenseur des droits humains Maâti Monjib il a cofondé Freedom Now, le Comité de protection de la liberté de la presse et d'expression au Maroc, une organisation que les autorités ont refusé d'enregistrer en mai 2014.
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- À propos de
- 2 Juin 2016 : Abandon de certaines charges contre l'éminent journaliste Ali Anouzla
- 30 Janvier 2016 : Le défenseur des droits humains et éminent journaliste Ali Anouzla accusé d'avoir commenté une dispute sur le Sahara Occidental
- 17 Février 2014 : Des organisations de défense des droits humains appellent à l'abandon des charges contre le journaliste Ali Anouzla
- 31 Octobre 2013 : Le procès du défenseur des droits humains et journaliste Ali Anouzla se poursuit
- 19 Septembre 2013 : Arrestation du journaliste défenseur des droits humains M. Ali Anouzla
Le 24 mai 2016, le tribunal de première instance de Rabat a abandonné les charges contre l'éminent journaliste M. Ali Anouzla, qui était accusé d'avoir "sapé l'intégrité territoriale" en lien avec des commentaires faits dans une interview à propos du conflit au Sahara Occidental.
Ali Anouzla est défenseur des droits humains, journaliste indépendant et analyste politique. Il dénonce les violations des droits humains perpétrées au Sahara Occidental et au Maroc. Il est directeur de Lakome, un journal indépendant basé à Rabat qui se concentre sur les libertés civiles, les droits humains et la promotion du droit à l'accès à l'information et à la liberté d'expression. Avec le défenseur des droits humains Maâti Monjib il a cofondé le Comité de protection de la liberté de la presse et d'expression au Maroc, une organisation que les autorités ont refusé d'enregistrer en mai 2014.
Le 24 décembre 2015, la police a convoqué Ali Anouzla à propos des commentaires qu'il a faits lors d'une interview pour le journal allemand Bild à propos du Sahara Occidental. Le défenseur des droits humains parlait des limites de la liberté d'expression au Maroc, y compris de la répression des journalistes indépendants ainsi que de la corruption et des violations des droits humains, notamment la torture. Les accusations sont basées sur le fait qu'il aurait utilisé le terme "Sahara Occidental occupé". Il dément avoir utilisé ce terme, affirmant qu'il a été mal traduit.
Tandis que Front Line Defenders salue l'acquittement d'Ali Anouzla pour les accusations d'avoir "sapé l'intégrité territoriale", les charges d'incitation et de plaidoyer pour le terrorisme pèsent toujours contre lui. S'il est reconnu coupable de ces charges, le défenseur encourt jusqu'à 15 ans de prison.
Le 21 janvier 2016, le tribunal de première instance de Rabat a accusé le défenseur des droits humains et journaliste M. Ali Anouzla d'avoir "sapé l'intégrité du territoire national". Les accusations ont été portées contre Ali Anouzla après des commentaires qu'il a faits lors d'une interview sur le Sahara Occidental.
Le 24 décembre 2015, la police a convoqué Ali Anouzla à propos des commentaires qu'il a faits lors d'une interview pour le journal Bild à propos du Sahara Occidental. Pendant l'interview, qui a eu lieu en 2015 à Berlin à l'occasion de la remise du prix Raif Badawi 2015 pour les journalistes courageux, le défenseur a parlé des limites de la liberté d'expression au Maroc, ainsi que de la répression des journalistes indépendants, de la corruption et des violations des droits humains, dont la torture. Les accusations sont basées sur le fait qu'il a utilisé le terme "Sahara Occidental occupé". Il dément avoir utilisé de ce terme, affirmant qu'il a été mal traduit. La première audience du procès est prévue le 9 février 2016. S'il est reconnu coupable, le défenseur encourt jusqu'à cinq ans de prison.
Le journaliste a déjà été la cible d'acharnement judiciaire à cause de ses activités journalistiques et en faveur des droits. En septembre 2013, il avait été arrêté après avoir posté une vidéo liée au groupe armé Al-Qaïda au Maghreb islamique, qui comportait pourtant une limitation de responsabilité indiquant qu'il s'agissait d'une vidéo de propagande publiée pour des raisons journalistiques. Il a été libéré en octobre 2013, mais les charges de soutien, incitation et apologie du terrorisme n'ont pas été abandonnées. S'il est reconnu coupable de ces charges, le défenseur encourt jusqu'à 15 ans de prison.
Des organisations de défense de la liberté d'expression et des droits humains appellent les autorités marocaines à abandonner toutes les charges qui pèsent contre le journaliste et rédacteur Ali Anouzla lors de l'audience du 18 février au tribunal de Rabat.
Bien que l'article de Lakome portait un regard critique sur cette vidéo, le 24 septembre 2013, le juge d'instruction de la Cour d'appel de Rabat a inculpé Ali Anouzla pour avoir « glorifié le terrorisme », en vertu de l'article 218-2 du Code pénal marocain, et pour « assistance matérielle », en vertu de l'article 218-6.
Les dispositions du Code pénal sont vagues et peuvent être appliquées de façon arbitraire. L'état de droit stipule que les règles, en particulier celles qui définissent les crimes, soient formulées avec suffisamment de précision pour permettre au peuple d'adapter leur conduite en fonction. En outre, le crime en question concerne la liberté d'expression. Ce droit est garanti par l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). En tant qu'État signataire du PIDCP depuis le 3 mai 1979, le Maroc devrait s'assurer qu'il respecte le droit de façon à être en conformité avec le droit international.
En ce qui concerne les circonstances de cette affaire, nous rappelons que le Comité des droits de l'Homme des Nations Unies, le CDH, dont le mandat est d'interpréter et de superviser l'application du PIDCP a déclaré, dans un commentaire général de 2011 sur l'article 19:
• La libre communication d'informations et d'idées au sujet des questions publiques et politiques entre les citoyens, les candidats et les représentants élus est essentielle. Cela implique une presse et des médias libres, afin qu'ils puissent commenter les questions publiques sans craindre la censure ou les contrôles lorsqu'ils informent l'opinion publique. Le public a aussi un droit équivalent, celui d'être informé.
• Invoquer des dispositions relatives à la sécurité nationale pour supprimer ou dissimuler des informations légitimes d'intérêt général, qui ne nuisent pas à la sécurité nationale, ou poursuivre des journalistes, des chercheurs, des militants écologistes, des défenseur-ses des droits humains ou autres qui ont diffusé de telles informations, n'est pas compatible avec le PIDCP.
• Les États signataires doivent s'assurer que les mesures contre le terrorisme sont compatibles avec le paragraphe 3 de l'article 19. Les infractions telles que « l'apologie du terrorisme » et « les activités extrémistes » ainsi que les infractions de « l'éloge », « la glorification », ou « la justification » du terrorisme doivent être définies précisément afin d'assurer qu'elles n'interfèrent pas inutilement ou de façon disproportionnée avec la liberté d'expression. Les restrictions excessives de l'accès à l'information doivent aussi être évitées. Les médias jouent un rôle fondamental pour informer le public au sujet des actes de terrorisme et leurs capacités à opérer ne doivent pas être injustement limitées. Par conséquent, les journalistes ne devraient pas être pénalisés pour mener à bien leurs activités légitimes.
• Lorsqu'un État signataire invoque une raison légitime pour restreindre la liberté d'expression, il doit démontrer de façon précise et personnalisée la nature de la menace, ainsi que la nécessité et la proportionnalité des actions spécifiques menées, notamment en établissant un lien direct et immédiat entre l'expression et la menace.
Par ailleurs, l'article ne mettait pas la sécurité nationale en danger. Les Principes de Johannesburg sur la sécurité nationale, la liberté d'expression et l'accès à l'information, fréquemment cités par les organes des droits de l'Homme de l'ONU et les tribunaux nationaux, stipulent qu'une expression peut être criminalisée et considérée comme une menace à la sécurité nationale à trois conditions: 1. l'expression incite à la violence imminente; 2. il y a de fortes probabilités pour qu'elle incite à la violence; 3. il y a un lien direct et immédiat entre l'expression et la probabilité ou la concrétisation d'actes de violence. Les notions vagues, telles que contribuer à communiquer sur le terrorisme ou l'extrémisme, la « glorification » ou la « promotion » du terrorisme ou de l'extrémisme, et le simple fait de rapporter une déclaration faite par des terroristes, ne constituent pas en soit une incitation et ne doivent pas être pénalisés. Dans cette affaire, les faits n'étayent pas l'accusation de crime terroriste. Ali Anouzla n'avait pas pour but d'inciter à la violence immédiate. Et ses déclarations n'incitaient pas non plus à la violence.
Enfin, le journaliste faisait un article sur cette vidéo qui abordait des problèmes d'intérêt public. Le droit international reconnait que les médias doivent pouvoir couvrir des questions d'intérêt général, même lorsque les questions qu'ils couvrent sont liées à des menaces contre la sécurité nationale. Les Principes de Johannesburg susmentionnés indiquent que « l'expression ne peut-être empêchée ou punie simplement car elle transmet des informations diffusées par ou au sujet d'une organisation qu'un gouvernement considère comme une menace pour la sécurité nationale ou pour ses intérêts ». Ali Anouzla parlait de la vidéo. Il n'adhérait pas à la déclaration qu'elle contenait. Au contraire, il avait un avis critique.
Les organisations soussignées déclarent que l'inculpation d'Ali Anouzla n'est soutenue par aucune preuve et qu'elle est infondée en vertu du droit international. Elle s'apparente à une violation du droit du journaliste à la libre expression et de son droit à informer le public. Par conséquent, elles appellent à ce que toutes les charges contre Anouzla soient abandonnées, à la fin de l'acharnement judiciaire et à la levée de l'interdiction des versions en arabe et en français de Lakome, bloquées au Maroc depuis le 17 octobre.
Andalus Institute for Tolerance and Anti-violence Studies
Arabic Network for Human Rights Information
ARTICLE 19
Association for Freedom of Thought and Expression
Centre for Law and Democracy (CLD)
Committee to Protect Journalists (CPJ)
Egyptian Coalition for the Rights of the Child
Egyptian Women’s Legal Foundation
Free Press Unlimited
Front Line Defenders
Hisham Mubarak Center for Law
Human Rights Legal Aid Group
International Media Support (IMS)
International Press Institute (IPI)
Journalists Without Rights
Land Center for Human Rights
Maharat Foundation
Media Legal Defence Initiative (MLDI)
Nadim Center for Rehabilitation of Victims of Violence and Torture
Reporters Without Borders (RSF)
Vigilance Association for Democracy and the Civic State
Le 30 octobre 2013, le défenseur des droits humains et journaliste M. Ali Anouzla a comparu devant le tribunal pour répondre d’une inculpation d’incitation au terrorisme, ce qui est passible d’une peine maximale de vingt ans de prison. Un juge d’instruction l’a brièvement entendu à huis clos avant de suspendre l’audience jusqu’au 23 décembre 2013.
Le 14 septembre 2013, Lakome a publié un article sur une vidéo de la branche d’Al Qaida au Magreb islamique. La version arabophone du site publiait un lien vers la vidéo. Lakome joignait un avertissement précisant qu’il s’agissait d’une vidéo de propagande, publiée pour des raisons journalistiques. Ali Anouzla a été arrêté trois jours plus tard, le 17 septembre 2013. Il a été libéré sous caution le 24 octobre.
Les soutiens d’Ali Anouzla expriment leur inquiétude de voir le procès être ajourné à plusieurs reprises intentionnellement.
Le 17 septembre 2013, M. Ali Anouzla, éminent journaliste, défenseur des droits humains et rédacteur du journal en ligne Lakome, a été arrêté à Rabat après avoir été convoqué à un interrogatoire par les autorités marocaines. Les bureaux de Lakome ont été perquisitionnés et l’ordinateur portable personnel d’Ali Anouzla a été saisi.
D’après la citation à comparaître du défenseur, son arrestation est liée à une vidéo publiée sur la version francophone de Lakome ; cette vidéo provient d’Al Qaida au Maghreb Islamique, et était accompagnée d’un message de décharge précisant qu’il s’agissait d’une vidéo de propagande publiée pour des raisons journalistiques. La version arabe du site donnait seulement un lien de cette vidéo et non la vidéo elle-même.
Ali Anouzla a déjà été harcelé par les autorités marocaines dans le passé. En 2009, un tribunal de Casablanca a jugé le défenseur suite à une plainte déposée par l’ancien président lybien Mouammar Kaddafi, contre un article qui décrivait son accession au pouvoir comme un « coup d’État ».
La même année, Ali Anouzla, qui était alors rédacteur en chef du quotidien indépendant Al-Jarida al-Oula et le directeur de la publication Jamal Boudouma, ont été condamnés à deux ans de prison avec sursis et à une amende de 200 000 dirhams (environ 17 900€) pour « diffamation » et « insulte envers le système judiciaire ».
Cette peine a été prononcée après une série d’incidents répressifs et de poursuites judiciaires contre le journal – dont une amende de 160 000 dirhams (environ 14 300€) lors d’un procès pour lequel Ali Anouzla n’avait été convoqué – après avoir publié une information affirmant qu’un proche du Roi aurait tiré sur un agent de circulation.