Aghore Debbarma et deux autres DDH poursuivis pour sédition dans l'Etat du Tripura
Le 4 février 2019, Anthony Debbarma de la Borok Peoples’ Human Rights Organization (BPHRO), ainsi que les défenseurs des droits humains Jagadish Debbarma et Aghore Debbarma, ont été accusés de sédition pour avoir organisé un rassemblement public à Khumulwng, une ville à l'est du Tripura, le 30 janvier 2019.
Aghore Debbarma est défenseur des droits humains et membre de la communauté Borok. il est également leader de la section de Tipraha de l'Indigenous People’s Front of Tripura (IPFT).
Le 4 février 2019, Anthony Debbarma de la Borok Peoples’ Human Rights Organization (BPHRO), ainsi que les défenseurs des droits humains Jagadish Debbarma et Aghore Debbarma, ont été accusés de sédition pour avoir organisé un rassemblement public à Khumulwng, une ville à l'est du Tripura, le 30 janvier 2019.
Anthony Debbarma est secrétaire général de la BPHRO, une ONG de défense des droits humains basée à Agartala, dans l'État du Tripura dans le nord-est de l'Inde, qui œuvre pour la promotion des droits humains dans la région, et qui se concentre particulièrement sur les droits du peuple autochtone Borok. Il est également président du Joint Action Committee of Civil Society (JACCS), une plateforme qui rassemble des organisations autochtones de la société civile dans l'État du Tripura. Jagadish Debbarma et Aghore Debbarma sont défenseur-ses des droits humains et membres de la communauté Borok. Jagadish Debbarma est leader de l'Indigenous Nationalist Party of Tripura (INPT) et Aghore Debbarma est leader de la section de Tipraha de l'Indigenous People’s Front of Tripura (IPFT).
Le 8 janvier 2019, la North East Students’ Organization (NESO) a appelé à une grève générale dans tout le nord-est de l'Inde pour protester contre la loi controversée de 2016 sur la citoyenneté, qui cherche à amender la loi sur la citoyenneté tout en contredisant de nombreux articles de la constitution indienne, notamment l'article 15 qui interdit la discrimination sur la base de la religion. De nombreux membres d'organisations autochtones locales ont participé à la grève générale, qui a commencé vers 5h.
Vers 13h30, l'unité Tipura State Rifles de la police d'État du Tipura, a commencé à lancer des bombes de gaz lacrymogène et à tirer sans distinction des balles réelles contre la foule, ce qui a entrainé un mouvement de violence alors que ce rassemblement était pacifique. Le rassemblement a alors été interrompu car certains manifestants ont été blessés, et la police a invoqué la section 144 du Code de procédure pénale de 1973, qui permet à un magistrat d'interdire un rassemblement. Six Boroks ont été blessés par balle. Lorsque les blessés ont été évacués, les policiers qui avaient tiré ont attaqué les ambulances et ont commencé à frapper les personnes qui étaient à bord. Cinq autres défenseurs des droits humains qui avaient aidé à transporter les blessés jusqu'à l'ambulance ont également été blessés.
Le 30 janvier 2019, Anthony Debbarma, Jagadish Debbarma et Aghore Debbarma ont participé à un rassemblement pacifique à Khumulwng, une ville à l'est du Tripura. Le rassemblement était organisé par le Movement against Citizenship Amendment Bill 2016 -MACAB (mouvement contre la loi de modification de la citoyenneté) contre le projet de loi mais aussi pour condamner les violences policières contre les manifestants le 8 janvier 2019.
Le 4 février 2019, les trois défenseurs ont appris par la presse qu'une plainte (First Information Report) avait été portée contre eux pour sédition, complot criminel, discours haineux et désobéissance, respectivement en vertu des sections 124 (a), 120 (b) et 153 (a) du Code pénal indien, et de la section 82 de la loi policière du Tripura. La plainte a été enregistrée au poste de police de Radhapur, sous-division de Jirania, par le commissaire Rabindra Debbarma, qui affirme que des slogans contre l'Inde ont été scandés pendant le rassemblement de Khumulwng le 30 janvier 2019. Les trois défenseurs n'avaient pas été officiellement informés de cette plainte portée contre eux avant de le lire dans la presse.
Le 5 février 2019, les collègues d'Anthony Debbarma, du BPHRO ont demandé au poste de police de Radhapur une copie de la plainte. La police a refusé et leur a dit que la plainte avait été transférée au tribunal d'Agartala, Tripura occidental. Sans une copie de la plainte, les défenseurs ne peuvent pas demander une libération sous caution anticipée, à laquelle ils ont droit en vertu de la section 438 du Code de procédure pénale, et ils ne peuvent pas avoir tous les détails des plaintes contre eux.
Le peuple autochtone Borok de l'État du Tripura et leurs défenseurs ont déjà été pris pour cible à cause de leur travail pacifique. Le 2 octobre 2008, une bombe artisanale a été jetée contre le mur du siège de la BPHRO. Il n'y a pas eu de blessé mais le bâtiment a été endommagé par la détonation. Il s'agit clairement d'une tentative visant à empêcher la BPHRO de poursuivre son travail en faveur des droits humains.
Front Line Defenders pense qu'Anthony Debbarma, Jagadish Debbarma et Aghore Debbarma sont pris pour cible à cause de leur travail légitime en faveur des droits humains et de la démocratie. Front Line Defenders est profondément préoccupée pour leur intégrité physique et psychologique.