Actes d'intimidation contre l'avocate en droits humains Noemi Mendez
Dans la matinée du 12 décembre 2016, l'avocate en droits humains Mme Noemi Mendez est arrivée sur son lieu de travail et a constaté que la vitre de la porte d'entrée de son bureau à San Pedro de Macoris avait été brisée.
Noemi Mendez est une éminente avocate en droits humains qui plaide pour les droits des travailleurs migrants et les Dominicains descendants d'Haïtiens, en particuliers ceux du Movimiento Reconoci.do (Mouvement reconnaissance). Reconoci.do est un réseau indépendant civique national principalement composé deDominicains descendants d'Haïtiens. Le mouvement promeut le droit à la nationalité et cherche une intégration réelle, totale et efficace des Dominicains de descendants Haïtiens dans la société dominicaine.
Dans la matinée du 12 décembre 2016, l'avocate en droits humains Mme Noemi Mendez est arrivée sur son lieu de travail et a constaté que la vitre de la porte d'entrée de son bureau à San Pedro de Macoris avait été brisée.
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Selon l'avocate, aucun objet de valeur n'a été emporté et il semble que rien ne manque. L'avocate a porté plainte devant la police le jour même. C'est la seconde fois que les biens de Noemi Mendez sont endommagés depuis plusieurs semaines; sa voiture a aussi été la cible de vandalisme il y a un mois.
L'avocate en droits humains représente plusieurs personnes affectées par la décision 168-13 de la cour constitutionnelle de septembre 2013, qui prive arbitrairement et rétroactivement des générations de personnes nées et élevées dans le pays de leur nationalité dominicaine. Outre le fait d'aggraver les tensions qui durent depuis longtemps entre la République dominicaine et Haïti, la décision ouvre la voie à des attaques verbales et physiques perpétrées par des groupes soi-disant "nationalistes" contre les Dominicains descendants d'Haïtiens, et contre les migrants dans le pays.
Lorsque la cour constitutionnelle a rendu son jugement, plusieurs défenseur-ses des droits humains, journalistes, universitaires, avocats, politiciens, parlementaires et autres personnalités publiques ayant critiqué la décision, ont reçu des menaces. La situation ne s'est pas améliorée depuis; les défenseur-ses qui œuvrent pour faire annuler la décision ou qui soutiennent les travailleurs migrants sont régulièrement ciblés par des campagnes de diffamation, harcelés sur les réseaux sociaux, criminalisés et violemment agressés. Le 25 décembre 2016, M. Genaro Rincón, avocat en droit humains qui se consacre à la défense des droits des Dominicains descendant d'Haïtiens en République Dominicaine, a été insulté dans un bus par un inconnu qui lui a crié que la "race haïtienne est la pire du monde". Genaro Rincón a ensuite été jeté hors du bus et l'agresseur lui a jeté un bloc de ciment à la tête et l'a blessé.
Front Line Defenders est préoccupée par les attaques et autres actes d'intimidation contre les défenseur-ses des droits humains en République Dominicaine, et considère qu'il s'agit d'actes de représailles à cause de leur travail en faveur des droits des Dominicains descendants d'Haïtiens. Front Line Defenders condamne les actes d'intimidations contre Noemi Mendez et appelle les autorités de la République Dominicaine à enquêter immédiatement sur ces actes et à traduire les coupables en justice, mais aussi à prendre immédiatement des mesures pour remédier au climat de racisme et d'intolérance qui met en danger les défenseur-ses des droits humains et les communautés qu'ils défendent.
Front Line Defenders exhorte les autorités de la République Dominicaine à:
1. Agir immédiatement pour garantir l'intégrité physique et psychologique de Noemi Mendez, en accord avec la défenseuse;
2. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur les actes d'intimidation contre Noemi Mendez, dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;
3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en République Dominicaine puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.