Les autorités turkmènes empêchent une nouvelle fois la défenseuse des droits humains Soltan Achilova, finaliste du prix Martin Ennals 2021, de se rendre sur place pour recevoir son prix.
Les organisations de défense des droits humains soussignées, qui représentent ensemble le jury du prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains, condamnent le harcèlement continu à l’encontre de Soltan Achilova, finaliste du prix Martin Ennals 2021 et défenseuse des droits humains originaire du Turkménistan. Ce matin, Soltan Achilova et sa fille ont à nouveau été empêchées de se rendre à Genève. En 2023, Soltan Achilova devait être récompensée par la Fondation Martin Ennals pour sa précieuse contribution à la documentation des violations des droits humains au Turkménistan.
Soltan Achilova est défenseuse des droits humains et journaliste qui continue à travailler au Turkménistan, l’un des pays les plus répressifs et les plus isolés au monde, classé 176e sur 180 pays en termes de liberté de la presse et de conditions de travail pour les journalistes. Elle réalise des reportages sur son pays depuis plus de dix ans. Ses photos de la vie quotidienne sont l’une des rares sources de documentation sur les violations des droits humains au Turkménistan. À cause de ce travail, elle est sous la surveillance constante des autorités turkmènes et est régulièrement harcelée, intimidée et menacée. Malgré les difficultés, Soltan Achilova poursuit son travail en faveur des droits humains, envoyant régulièrement des informations et des photos hors du pays afin que les autorités gouvernementales soient tenues de rendre des comptes.
Le matin du 20 novembre 2024, Soltan Achilova et sa fille Maya Achilova devaient se rendre d’Achgabat à Genève pour participer à la cérémonie de remise du prix Martin Ennals. À 6 h 30, heure locale, selon les informations reçues par la Fondation Martin Ennals, un groupe d’agents des forces de l’ordre a poussé Soltan Achilova, sa fille et le mari de cette dernière dans une ambulance et les a emmenés à l’hôpital spécialisé « Centre de contrôle des maladies infectieuses » dans le quartier de Choganly à Ashgabat, situé près de l’aéroport international de la capitale. Maya Achilova a indiqué à la Fondation que son mari, sa mère et elle-même sont retenus au centre médical, gardés par les forces de sécurité, et que l’un des agents du service de sécurité est en possession des clés de l’appartement de Soltan Achilova. Les autorités turkmènes ont donc une nouvelle fois empêché Soltan Achilova de se rendre à Genève, en Suisse, où elle serait enfin reconnue comme finaliste du prix Martin Ennals 2021 pour ses reportages sur l’accaparement des terres et les expulsions forcées de citoyens ordinaires à Ashgabat.
Les autorités turkmènes ont empêché la défenseuse des droits humains Soltan Achilova de voyager librement en dehors de son pays à plusieurs reprises, notamment en novembre 2023. Aux premières heures du 18 novembre 2023, Soltan Achilova et sa fille ont été empêchées par des agents du gouvernement turkmène d’embarquer sur un vol à destination de la Suisse. Un douanier a pris leurs passeports, les a mouillés avec un chiffon humide et a déclaré que les passeports étaient abîmés, empêchant Soltan et Maya Achilova de monter à bord de l’avion. Bien que de hauts dignitaires turkmènes aient assuré que Soltan Achilova ne serait pas empêchée de voyager une fois de plus, les autorités continuent de harceler la défenseuse en lui imposant des restrictions de voyage et en la plaçant en détention arbitraire.
Les organisations de défense des droits humains qui composent le jury du Prix Martin Ennals, ainsi que la Fondation Martin Ennals, condamnent une nouvelle fois les autorités turkmènes pour le harcèlement continu dont font l’objet la défenseuse des droits humains et photojournaliste Soltan Achilova et les membres de sa famille, et demandent leur libération immédiate. Les organisations appellent conjointement les autorités turkmènes à fournir toute l’assistance nécessaire pour permettre son voyage hors du pays. Enfin, les organisations renouvellent leurs appels au Turkménistan pour qu’il mette pleinement en œuvre ses obligations en matière de droits humains, notamment en permettant aux défenseur⸱ses des droits humains et aux journalistes de faire leur travail sans crainte de représailles.
Suite à la rédaction de cette déclaration, un article contenant plus de détails a été publié par Chronicles of Turkmenistan, une publication en ligne de l’Initiative turkmène pour les droits humains, qui, selon son auteur, a également été en contact avec la famille de Soltan Achilova.
Signataires :
- Amnesty International
- Human Rights Watch
- Organisation Mondiale contre la torture (OMCT)
- International Service for Human Rights (ISHR)
- Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH)
- HURIDOCS.
- Human Rights First
- Front Line Defenders
- Brot für die Welt
- International Commission of Jurists
- The Martin Ennals Foundation